jeudi 19 novembre 2009

chronique d'un accouchement presque annoncé...

Voici un petit texte que j'ai écris pendant mon séjour à la maternité... Après une grossesse sans aucun problème, voici comment mon passage pour la première fois à l'hôpital restera gravé dans ma mémoire...


Je suis rentrée hier midi (jeudi), de l'hôpital, après m'y être rendue samedi dernier : le 31 octobre 2009...

Et oui, « le travail » avait commencé à 6h30 du matin. Quelques contractions espacées au début et pas très douloureuses : du moins rien de ce que j'avais lu ! Puis à 8h30 quand Patrick s'est réveillé il m'a trouvée un peu pâle et a pris les choses en main : on file à l'hôpital ! Ok... mais laisse moi prendre une douche !

Arrivée à l'hôpital à 9h pétantes me voici branchée au monitoring à 9h15... Mon col est ouvert à 2 cm, la sage femme me dit : on vous garde Madame ! Papa, allez remplir les formalités à l'accueil et revenez ici après, votre femme n'aura pas bougé !
Les contractions sont là, de plus en plus régulières et rapprochées : un peu plus douloureuses aussi, mais je me sers du truc appris par Maman : souffler sur la flamme d'une bougie sans l'éteindre, le temps que ça passe (ça marche vraiment bien, même sans bougie !). Une musique est audible dans toute la partie « bloc obstétrique » de la maternité (certainement une radio rock de la région, car je reconnais Police, Prince...) c'est bien agréable de pouvoir "patienter" en musique, ça aide !
A 4 cm d'ouverture, on me prépare pour aller en salle d'accouchement (il y en a deux, mais comme je suis la première arrivée ce matin, j'ai le droit à la grande ! Chouette, c'est celle que les sages femmes et les gynécos préfèrent !)...
Mon gynéco est là, il vient me saluer et va enfiler sa blouse : il essaye d'être présent pour chacune de ses patientes et tient à effectuer lui-même chacun de leurs accouchements (dans la mesure du possible).

L'anesthésiste me fait la péridurale, et là... je sens les contractions, mais miracle plus de douleur à gérer ! Cela m'effraie un peu d'ailleurs, car tout le bas de mon corps semble échapper à mon contrôle... Vais-je pouvoir pousser quand il le faudra ??? Mais putain ce que c'est puissant la péridurale !!

A 7 cm d'ouverture du col, la sage femme appelle mon gynéco qui rempli des papiers dans la pièce à côté, il enfile ses gants et me fait me mettre sur le côté droit : tout va bien. Me fait me mettre sur le dos : on entend un peu moins les pulsations du bébé... Il me fait me mettre sur le côté gauche : et là, les pulsations sont presque imperceptibles...
Merde, lance-t-il ! Je veux être sûr, c'est trop con, on attend la prochaine contraction, mais préparez-là pour le bloc ! Il a l'air furax...
Je me débarrasse de mes boucles d'oreilles, de ma gourmette on me colle une charlotte sur la tête et la contraction arrive...
Mon gynéco perce la poche des eaux et constate que la couleur du liquide n'est pas terrible... Il m'ausculte et déclare : ça suffit, pas de temps à perdre : au bloc !

Tu t'imagines bien que les larmes me viennent... On ne m'a rien dit (pour ne pas m'inquiéter), mais je sais que le bébé est en souffrance et que je vais avoir droit à un joli sourire sur le bas du ventre... Mais je ne panique pas... Je continue le "truc" de la respiration que Maman m'a enseigné... Patrick qui revenait d'aller faire mettre la télé et le téléphone dans ma chambre croise mon gynéco dans le couloir qui lui explique la situation (moi, je ne sais toujours pas), le bébé à le cordon enroulé autour du cou et si je pousse... Donc, on doit procéder autrement qu’un accouchement dit "normal"...

La chirurgienne vient se présenter et me dit que c'est elle qui va me "sésariser"... (Comment ça on va me remettre un César ??? Ben, j'ai même pas tourné de film !).
On me met sur un brancard et on m'emmène au bloc. Là, c'est comme dans les films, tu vois les néons défiler devant tes yeux en même temps que tes idées noires...

12 h15, je suis tremblante de trouille (et de froid aussi sans doute, ça caille "au bloc"...).
L'anesthésiste me rassure et m'explique ce qui va se passer, que si je veux, je lui demande et il augmente un peu la dose pour ne pas avoir mal... Qu'il est là et que je n'ai pas à m'inquiéter.


On me colle un drap devant les yeux, et l'opération peut commencer. Patrick est là avec moi il me tient la main et me rassure en me parlant, alors que je sens qu’il n’en mène pas large... J'ai la trouille de ma vie, je chiale et je tremble...
Je sens tout ce qui se passe dans la zone où on opère, mais ne souffre pas, je ne vois rien mais j'imagine tout... C'est très dur (promis je regarde plus de séries médicales !)...
Je sens surtout quand on arrache mon bébé de mes entrailles : il ne reste qu'un grand vide en moi.
Patrick se lève et suit la sage femme, je suis toujours allongée et je ne vois rien de ce qui se passe, ni devant, ni derrière… Je n’ai pas entendu le bébé crier et c’est ce qui m’inquiète à présent… Comment va ma fille ? Où est-elle ? Léa…

12 h 30, Patrick revient : souriant, il tient notre petite dans les bras, il me la montre me rassure : elle va bien ! Nouveau torrent de larmes, tandis que la chirurgienne s’acharne à nettoyer et à refermer mon bas ventre. Je la vois en ombre chinoises derrière le champ stérile pratiquer les sutures, mettre les agrafes, nettoyer…

Voilà… C’est terminé. On m’emmène en salle de réveil. Je suis soulagée, mais j’ai toujours cette impression de vide en moi. D’être de nouveau seule. Un infirmier est présent avec moi. Il surveille mes constantes, me demande si je peux bouger mes pieds ? Euh… non ! J’ai beau les regarder et le vouloir de toutes mes forces : rien ! Une drôle d’impression…

Au bout de deux heure à essayer de faire remuer mes orteils (je me serai crue dans Kill Bill), l’infirmier me demande encore et encore : Pouvez vous bougez les jambes ? Je regarde ma jambe droite de toutes mes forces et commande : bouge ! Et là, c’est la gauche qui commence fébrilement à bouger ! Zut ! Je vais avoir un problème psychomoteur en plus… Je fais rire l’infirmier en lui disant. Il me dit c’est normal, mais les deux bougent, ne vous inquiétez pas ! On va pouvoir vous remonter dans votre chambre. Vous avez été très courageuse. Les infirmières de bloc viennent me voir avant de partir déjeuner. Bravo Madame, vous avez une très jolie petite fille qui va bien et vous avez été formidable ! Voila que je re-pleure… Sensible à toute cette attention et à cette gentillesse…

On me remet entre les mains de Fred, le brancardier. Il me remonte dans ma chambre. Enfin ! Je vais pouvoir voire Léa et Patrick. Il est 15 heures…

Ils sont là tous les deux, Patrick souriant, me dit : elle est belle : on dirait un mini toi ! Et Léa dans sa couveuse me regarde de ses grands yeux bleu marine… C’est vrai qu’elle est belle…

La sage femme me la pose sur moi, là je sens enfin que l’aventure commence, au contact de sa peau contre la mienne. Elle est toute petite, mais je sens déjà que c’est une battante, ma petite lionne, ma Léa…
Léa, Frédérique, Emma, Charlotte, Michelle est née le 31 octobre 2009 à 12 h 25. Elle pèse 2 kilos 590, pour 45 cm. Une petite crevette pour un bébé né une semaine à l’avance mais dite « à terme ». Son cordon emmêlé l’aura sans doute privée des dernières forces quelle aurait dû prendre à la fin, mais grâce à mon gynécologue (que je ne remercierai jamais assez), la chirurgienne et toute l’équipe de la maternité de l’hôpital : elle est en vie et mord dedans à belles dents aujourd’hui (même si elles n’ont pas encore poussées !).

à ma petite reine, ma petite fille, à Léa et son Papa...