jeudi 9 avril 2009

1) La clef

Il marchait, à pas lent, remontant la rue Lacépède. Les pans de son imper ouvert, enveloppaient sa marche, un pas sur deux. Son regard suivait distraitement le bord du trottoir.

Au bas de la rue, un moteur vrombissant annonçait le passage d’une voiture à ses côtés. Il fit un écart machinal et rasa d’un peu plus près le mur qu’il longeait.

Il avait décidé ce matin d’aller marcher un peu, de sortir de son atelier, voir les gens, la vie, pour y reprendre le cours de la sienne. Six mois qu’il travaillait d’arrache pieds sur cette exposition. Elle aurait lieux ce printemps. Serait-il prêt ? Il ne savait le dire encore. Son art l’accaparait, l’obsédait. Il avait besoin d’une pause d’une parenthèse, pour mieux y voir.

Il marchait un peu plus vite maintenant, il tourna la tête machinalement et leva les yeux sur la plaque de la rue : rue de la Clef. Serait-ce un signe, une solution à ses tourments ? Rue de la Clef, se dit-il en lui-même, comme s’il voulait se persuader que cela provoquerait un déclic, que la porte s’ouvrirait et que l’inspiration reviendrait comme elle l’avait quittée il ya un peu plus d’un mois.

Le soleil commençait à chauffer doucement, filtrant entre les branches des arbres encore dénudés. C’était la fin de l’hiver et la nature encore endormie, reprenait son souffle peu à peu. Les jardins des Arènes jouaient déjà de leur musique matinale : le chant des oiseaux s’entremêlaient aux bruits de la circulation déjà dense de la rue Monge, non loin...

2 commentaires:

Karl Chaboum a dit…

Je l'aurais volontiers suivi, dans l'air frais du matin.
Sûrement, rien qu'à le voir il m'aurait inspiré.
J'aurais regardé l'angle de ses souliers, comment il marchait: à coups de pinceau ? C'est qu'il n'était pas prêt.
Décidément j'aurais aimé être là, pour lui souffler à l'oreille: "ton atelier, c'est chez toi, c'est dehors. Où que tu ailles, tu sera inspiré, ou le ne seras pas."

kroll93 a dit…

Retrouvera t-il l'inspiration avec vos judicieux conseils... Le complexe de la page blanche est parfois étrange pour un artiste, quel qu'il soit. Parfois l'inspiration vient d'une simple anecdote observée, quand on laisse son esprit vagabonder. Parfois elle ne vient pas, polluée par d'autres pensées, plus denses...
Continuons notre promenade si vous le voulez...
K'roll